En 1925, à peine sortie de la Grande Guerre, la France est de nouveau engagée dans un autre conflit, au Maroc cette fois-ci. Présente dans ce pays, conjointement avec l’Espagne, depuis de nombreuses années, elle doit faire face à une révolte des tribus implantées dans le massif montagneux du Rif, au nord du pays. Menés avec intelligence et détermination par Abd el-Krim, jeune chef intelligent et charismatique, les guerriers rifains qui, au cours des années précédentes, ont déjà infligés de sanglants revers aux troupes espagnoles, s’attaquent maintenant aux garnisons françaises.
L’aéronautique militaire, qui apporte son soutien aux troupes terrestres françaises engagées, ne dispose pas d’appareils gros porteurs et le ministre de la Guerre demande à son homologue de la Marine l’envoi au Maroc d’une unité armée de ce type d’appareils. Ce dernier accepte et désigne l’escadrille 5B2, qui vient d’être créée à Cuers.
A partir d’août 1925, le LV Campardon et ses marins, opérant dans un environnement totalement nouveau pour eux, à des centaines de kilomètres de la mer qui était leur champ d’action habituel et pratiquement sans préparation ni entraîne-ment préalables, vont magnifiquement s’adapter. En l’espace de quelques semaines seulement, ils vont transformer leur jeune unité en un redoutable et redouté outil de guerre. Puis, presque sans transition, les combats terminés, ils vont de nouveau s’adapter à la nouvelle mission, plus pacifique celle-là, qui va leur être confiée. En quelques mois, ils vont réaliser une couverture photographique de dizaines de milliers de km² du sud marocain pour lesquels aucun relevé n’existait encore, permettant aux services de l’Armée d’établir une cartographie précise de ces territoires, le point d’orgue étant en 1927 un travail similaire sur les côtes du sud marocain, de la Mauritanie et du Sénégal.
Le bilan chiffré de l’escadrille pendant son séjour au Maroc est des plus éloquents : 2 200 heures de vol dont 1 500 en opérations, 242 tonnes de bombes larguées, mais aussi plus de 20 000 clichés couvrant une superficie de plus de 35 000 km². Cinq de ses hommes ont disparu au combat et son fanion a été décoré de la croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures (TOE) avec deux palmes.