L’auteur
Le CC Jean Lenglet né le 8 février 1919 à Orléans est reçu en juin 1938 à l’École navale. Après seulement quinze mois d’école, l’enseigne frais émoulu embarque en janvier 1940 à bord du croiseur Marseillaise mouillé en face de Bizerte. Il y reste 10 mois dont trois mois environ à la Pêcherie avec stages dans tous les services. En avril 1940, 4 ou 5 voyages à grande vitesse pour transporter des Légionnaires qui devaient partir en Norvège.
Après l’armistice et quelques mois à Toulon, l’EV Lenglet est désigné pour le pétrolier Garonne qui était à Dakar, où il reste onze mois. En juillet, il posa sa candidature pour le cours de pilote. Il rallie Salon de Provence en octobre. En mars 1942, il est breveté pilote d’avion terrestre, puis en octobre, pilote d’hydravion à Saint-Raphaël puis est désigné pour la 6F à Berre.
En novembre 42, la base de Berre est investie par les Allemands. En janvier 1943, placé en congé d’armistice, Jean Lenglet se trouve à Paris sous surveillance étroite et pointage par les Allemands. Obsédé par l’idée de rejoindre des forces combattantes, il trouve un job chez Desmarais pour surveiller un chantier d’exploitation de charbon de bois à Saint-Céré, petite ville du Lot où résident de nombreux réfugiés. Il y rencontre une jeune fille de 20 ans, Béatrice de P. de L. qu’il demandera en mariage au bout de deux mois ; celle-ci, éberluée le renverra raisonnablement à ses avions et évasions, mais lorsqu’elle le verra revenir vers elle, éclopé et à pied, ayant échappé à la Gestapo à Toulouse, ils se fianceront en juin 43 et se marieront en janvier 45. La seconde tentative commencée à Foix en août 43 réussira. Il atteindra Alger en octobre 1943.
Le cahier
Comporte un avant-propos situant le contexte de l’époque puis les trois récits : journal de guerre (décembre 1939-novembre 1942) et récit des deux tentatives d’évasion, la première (mai-juin 1943) manquée, la seconde (août-octobre 1943) réussie. Ces témoignages ont été écrits à chaud, à la demande de sa future femme et retracent un itinéraire que beaucoup d’autres ont suivi. On y découvre des contacts plus ou moins compliqués à trouver, plus ou moins sûrs, des fausses pistes, une arrestation, une évasion du train et enfin « l’évasion » pyrénéenne.
L’EV Jean Lenglet n’a qu’un désir, faire son métier et connaître le « baroud » dont il semble très frustré. Il n’a aucun état d’âme pour le serment au maréchal, la dissolution de l’armée et le retour à la vie civile des militaires, l’en déliant assurément. Il lui paraît normal de faire son métier de combattant, surtout à une époque où la très grande majorité des Français y compris chez les militaires de profession, semblaient bien contents de laisser ce travail aux Alliés.
On peut affirmer que l’EV Jean Lenglet a été fort chanceux. L’évadé a échappé à tout internement en Espagne et manifestement la protection britannique a été efficace, la police espagnole bien payée, le fanion GB sur l’autocar et la voiture diplomatique forçant les barrages de la Guardia Civil (qui lèvent les bras impuissants !) semblent le prouver.